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7 points clés : Dépression masquée, les pièges à éviter

Revue No. 104
1. EN PRÉAMBULE
Peut-on porter un diagnostic d’épisode dépressif sans humeur dépressive ? Selon les critères diagnostiques du DSM-5, une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir peut être au-devant de la scène, sans que le patient ne se plaigne d’une réelle humeur dépressive. Et la présence de symptômes physiques, fatigue, perte (ou prise) de poids, insomnie (ou hypersomnie), n’est pas toujours très évocatrice.
2. Dépression « à expression somatique »

En réalité, les troubles du corps sont une des dimensions dépressives et ces maux peuvent être extrêmement variés, comme en témoignent les nombreux mots des patients pour les décrire.

À côté de la très fréquente « fatigue », on retrouve des douleurs chez 2 patients sur 3 présentant un épisode dépressif caractérisé (EDC). Par fréquence décroissante, céphalées, douleurs cervicales ou dorsales, intestinales, des extrémités, articulaires, thoraciques, pelviennes ou menstruelles, diffuses… la liste est longue !

3. Dimensions dépressives et anhédonie
L’anhédonie est la perte de la capacité à ressentir du plaisir ou des choses agréables. Elle peut être émotionnelle : perturbation du système de récompense, d’où diminution de la capacité à ressentir du plaisir ou à rechercher des situations pouvant procurer du plaisir. Mais aussi somatique : diminution de la sensibilité tactile, moindre appréciation des plaisirs gustatifs, perte d'intérêt pour des expériences sensorielles spécifiques, réduction globale du plaisir lié aux sensations corporelles…
4. Symptômes physiques = difficultés thérapeutiques

Ces plaintes somatiques sont extrêmement fréquentes, elles sont multiples dans 50 % des cas, avec des variations importantes selon les pays (aspects culturels, système de soins…).

10 % à 15 % des patients ont même un déni de leurs troubles dépressifs. Cette somatisation est un facteur de non identification de l’EDC, notamment en cas de maladie organique associée. Et elle complexifie la prise en charge, d’autant que l’efficacité des antidépresseurs est beaucoup plus modeste sur les symptômes physiques que sur les symptômes psychiques.

5. Traiter le symptôme-cible ?

• En 1re intention, prescrire un IRS, un IRSNa (ou un « autre » antidépresseur à l’exception de la tianeptine et de l’agomélatine), pendant 8 à 12 semaines et à dose efficace. Et surtout, choisir le mieux toléré, le moins toxique en cas de surdosage, le plus simple à prescrire…

• Face à des symptômes somatiques, il existe un intérêt théorique à prescrire un AD à action multimodale*, comme un IRSNa ou de la vortioxétine (pour laquelle il existe des données favorables sur l’anhédonie).

*Actions noradrénergique, dopaminergique et sérotoninergique combinées.

6. Savoir faire preuve de pédagogie !

Car les patients peuvent initialement ne pas reconnaître les aspects émotionnels de leur détresse. Une évaluation attentive est ici cruciale pour discerner la composante émotionnelle/anhédonique de leur plainte.

Et surtout privilégier la tolérance : les effets secondaires surajoutés à la somatisation sont mal supportés. Une approche intégrée est souvent nécessaire alliant traitements pharmacologique et psycho-thérapeutique.

7. POUR EN SAVOIR +

Ça y est, j’ai re-mal !
Retrouvez en 10 minutes l’essentiel avec Dépression « masquée », les pièges à éviter par le Pr Florian Ferrerri

Dépression « masquée », les pièges à éviter